Absentéisme au travail : une baisse inédite en 2021

29 mars 2022 6 min de lecture

Sujet qui préoccupe beaucoup les entreprises, nous nous sommes intéressés à l’absentéisme. Pour cela, nous avons réalisé une enquête conjointe avec l’Ifop, menée auprès de plus de 3000 salariés, dont 1000 ayant été arrêtés au moins 1 jour en 2021. Nous avons ensuite croisé ces résultats avec notre nouvel Observatoire statistique de l’Absentéisme qui porte sur 4 années (de 2018 à 2021), sur un périmètre constant de 750 entreprises, avec en moyenne 470 000 individus par an.

En baisse pour 2021, nous avons ainsi constaté que le taux d’absentéisme global pour l’année écoulée était de 4,94% et se rapprochait du niveau observé avant la crise du Covid-19. Ainsi, plus d’un tiers des salariés ont été en arrêt au moins un jour durant l’année. L’absentéisme a néanmoins augmenté chez les plus jeunes et la durée d’absence moyenne a fortement progressé chez les cadres.

Le covid-19 n’explique pas tout

En 2021, 44% des arrêts de travail étaient liés au Covid-19. Cependant, les troubles musculosquelettiques (15%) les risques psychosociaux (14%) et les accidents de travail (12%), qui constituent des enjeux majeurs de santé au travail, restent très présents dans les motifs cités par les salariés absents. D’autres indicateurs ne laissent plus de place au doute : 60% des salariés français considèrent que leur métier est susceptible d’avoir des conséquences négatives sur leur santé mentale et ils sont 50% à exprimer des conséquences sur leur santé physique.
Seuls 2% des salariés déclarent avoir été arrêtés pour convenance personnelle.

Lorsqu’on s’interroge sur les causes de l’absentéisme, la notion d’engagement est souvent mise en cause. Pourtant, certains résultats de l’enquête ne confirment pas forcément les corrélations directes entre engagement et absentéisme : on découvre que 79% des salariés arrêtés ont une bonne opinion de leur entreprise et 84% d’entre eux se sentent bien intégrés au sein de leur entreprise.

Enjeux des nouveaux modes de travail

79% des télétravailleurs sont satisfaits de l’organisation du télétravail. Ils sont tout de même 50% à exprimer un sentiment d’isolement. L’étude nous invite à avoir une appréciation nuancée des impacts du télétravail : d’un côté, on note que le temps de trajet a un impact fort sur le nombre moyen de jours d’arrêts sur l’année (3 jours pour les personnes qui ne se déplacent pas contre 7,8 pour les salariés qui ont une durée de trajet de plus d’une heure) ; de l’autre, 29% considèrent que le télétravail augmente leur charge de travail.

La reconnaissance et le stress sont également au cœur des préoccupations, puisque près d’un interrogé sur deux estime que son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur et 48% des sondés déclarent être stressés au travail.

Le retour au travail est, par ailleurs, un enjeu crucial. Parmi les salariés absents, 69% s’estiment soutenus par leurs collègues à leur retour d’absence et seulement 34% se sentent accompagnés par leur Direction RH.

Observatoire de l’absentéisme : des dynamiques très différentes

Si le taux d’absentéisme moyen a baissé en 2021, il demeure à des niveaux plus élevés qu’en 2019 (avec 4,94% contre 4,78% en 2019), en dépit d’une proportion de salariés absents moindre. C’est essentiellement le résultat d’une augmentation continue de la durée moyenne des absences, amorcée au début de la crise sanitaire et qui se poursuit depuis.

On note des dynamiques très différentes selon les tranches d’âges, l’absentéisme a augmenté pour les moins de 35 ans entre 2019 et 2021 (+11,6%), alors qu’il demeure plutôt stable pour les plus de 35 ans (+0,6%).

En comparant l’évolution de l’absentéisme chez les cadres et les non cadres, l’ensemble des indicateurs d’absentéisme rend compte de différences très marquées : l’absentéisme des cadres a diminué de plus de 10%, celui des non cadres a augmenté de 7%. En revanche, la durée moyenne des arrêts est à la hausse pour l’ensemble des populations et ce phénomène est particulièrement marqué chez les cadres.

Pour conclure, l’analyse croisée des résultats de l’observatoire Diot-Siaci et de l’enquête réalisée avec l’IFOP nous obligent à nous recentrer sur les éléments fondamentaux de santé au travail. L’organisation du travail, les modes de management, la charge de travail et la reconnaissance sont clairement identifiés comme les leviers dont nous disposons pour agir. Les considérations vagues ou abstraites liées au « bien-être » doivent laisser place à une analyse pragmatique et systémique de l’organisation du travail.

L'auteur

  • Sabeiha_Bouchakour_siaci_saint_honore

    Sabeiha Bouchakour

    Directrice QVT-Prévention-Absentéisme, Groupe Diot-Siaci

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